Le phénomène de la mort est une réalité inhérente à la vie humaine. Son apparition dans la poésie africaine, est le processus et la conséquence d’un rapport conflictuel entre l’occident et l’Afrique. Ce champ relationnel défavorable au continent noir remonte au XVIIIe siècle avec l’esclavage. Puis, s’est ensuivie l’entreprise coloniale qui a complètement désagrégé le tissu social, culturel, politique et spirituel de l’Afrique. Dès lors, elle devient un continent ostracisé, ayant perdu son âme. Dans l’optique de la revification de ce continent, les poètes africains initient des rituels funéraires authentiques en vue d’exorciser et d’immortaliser ses figures emblématiques physiques et spirituelles. Par le pouvoir du verbe créateur, le poète insuffle une nouvelle orientation au concept de la mort, dans le champ poétique africain. La mort n’est plus une fatalité mais un catalyseur de la vie. Elle contribue à la création d’un nouvel espace poétique négro-africain abritant désormais, les morts illustres, les rites liés à la mort et les phénomènes eschatologiques. Cet espace devient alors un lieu de renouvellement, de résurrection et de renaissance de l’Afrique. Le poète sonne ainsi la mort des canons esthétiques poétiques occidentaux pour en faire surgir une poétique africaine fondée sur l’hybridité poétique.